Séminaire Jung et la gnose - présentation de l'Espace Catharose - Françoise Bonardel

Bonjour à tous,

j’ai le plaisir de vous proposer ce séminaire inédit en Belgique avec Madame Françoise Bonardel.

Médecin de l’âme et homme de culture, Carl Gustav Jung (1875-1961) s’est intéressé à la gnose dès les années 1910 alors qu’il effectuait des recherches sur les mythologies, mystères et croyances populaires. Son intuition lui disait que cette littérature étrange et difficile détenait un trésor d’ images
symboliques dont il lui fallait comprendre la signification.

Peu après confronté à une crise intérieure (1913) dont il fit le récit dans Le Livre Rouge, Jung en vint à considérer les gnostiques comme les premiers explorateurs de l’ inconscient, découvrant le monde des archétypes qui leur inspira leurs visions et leurs mythes. Comme les alchimistes plus tard, ces visionnaires l’ont souvent guidé dans l’élaboration de la psychologie analytique, « gnostique » en ce qu’elle restitue une plénitude de sens à la vie désorientée de l’homme contemporain. Jugées hérétiques par les premiers auteurs chrétiens, les gnoses dont l’origine est incertaine (Syrie, Iran, Judée ?) laissaient libre cours à l’imagination créatrice et avaient du salut une vision aussi proche des initiations antiques que du christianisme.

Valorisant la découverte de soi à travers l’expérience personnelle du divin, leur enseignement ne pouvait laisser Jung indifférent. Fut-il lui-même « gnostique » comme l’en accusèrent Martin Buber et certains théologiens chrétiens ? S’il le fut, c’est à sa manière : afin de répondre aux exigences spirituelles de son temps, désireux de « savoir » plutôt que de croire.

La présence comme mode d’être est au cœur des travaux de Bonardel comme de ceux de Jung. Des gnostiques du début de notre ère aussi. La philosophe vit, expérimente et pense face à cette « accélération », comme le firent Jung et les gnostiques : c’est une « expérience intérieure », telle que décrite par Michel Cazenave, écrivain, poète, directeur de la traduction des Œuvres complètes de Jung chez Albin Michel.” (Mathieu Baumi)

 

 

Pour le poète Luc-Olivier d’Algange, le dernier livre de Françoise Bonardel sur l’influence gnostique dans la pensée de Carl Gustav Jung brille par son érudition tout en laissant voir une pensée en action, un mouvement de connaissance de soi et du monde.

On ne saurait résumer dans un bref article la belle arborescence d’érudition et de pensée qui est à l’œuvre dans ce livre qui frappe d’inconsistance la plupart des objections faites généralement à l’œuvre de Jung. L’érudition, ici, n’est pas un amas de documentations plus ou moins pertinentes, mais apparaît, organique et ordonnée, tel un massif corallien qu’éclaire une lumière diffractée par la surface des eaux. La pensée, quant à elle, saisissant sa chance la plus haute, est une pensée en action, initiatrice, destinée au lecteur qui n’a pas renoncé à aller à la rencontre de lui-même et du monde.

Avant de découvrir l’alchimie dans les années 1928-1930, Jung s’était consacré à l’étude des mouvements gnostiques, païens et chrétiens, dont on retrouve l’écho dans Le Livre Rouge rédigé entre 1916 et 1929. Or, l’intérêt de Jung pour la gnose ne s’est pas limité à cette période de son existence, marquée par la confrontation à l’inconscient qui devait donner une nouvelle orientation à sa recherche et à sa vie. C’est en fait une nouvelle gnose qu’il a cherché à promouvoir à travers la pratique de la psychologie analytique. En quoi donc la gnose, telle que l’entend Jung, a-t-elle partie liée avec le processus d’individuation restaurant l’unité perdue avec soi-même et avec le divin ?

Pourquoi Jung s’est-il intéressé à la gnose ?

L’état d’esprit qui était déjà le sien avant la rédaction du Livre Rouge le prédisposait à repousser les frontières du savoir scientifique de son temps, et à chercher dans des traditions anciennes la clé de cet élargissement. D’abord attiré par la Théosophie, très en vogue à l’époque, Jung en est venu à s’intéresser de très près aux écrits gnostiques alors connus et accessibles : quelles furent ses sources d’information principales, et quelle connaissance a-t-il acquise du gnosticisme antique ? Ce qui retint prioritairement son attention était que les gnostiques aient eux aussi rencontré « à leur façon, le monde originel de l’inconscient. » (« Ma vie »). En dépit de son vif intérêt, Jung a laissé de côté certains aspects de la pensée gnostique qui semblent incontournables au regard des connaissances actuelles : Qui furent réellement les gnostiques et en quoi la gnose (gr. gnôsis) peut-elle être distinguée de la connaissance rationnelle ordinaire ?

La réintroduction de la gnose en psychologie semble d’autant plus paradoxale que philosophie et théologie l’ont vigoureusement combattue tant hier (Plotin, les hérésiologues chrétiens) qu’aujourd’hui (Paul Ricœur) en raison, en particulier, de sa vision de l’origine du mal.

Jusqu’à quel point Jung a-t-il adhéré à une telle vision ?

-La gnose dans Le Livre Rouge :
Le Livre Rouge peut-il être considéré comme une profession de foi gnostique ? Cette interprétation est en général réservée aux Sept sermons aux morts dont Jung a attribué la paternité à Basilide, chef de file d’un des nombreux mouvements gnostiques qui proliférèrent en Égypte et en Palestine au début de l’ère chrétienne. Mais qui était réellement Basilide, et quel fut son message ? En quoi l’enseignement du sage Philémon, porte-parole de la gnose jungienne, s’en distingue-t-il ? Ce qu’enseigne Philémon préfigure en tout cas les théories ultérieures de Jung relatives au processus d’individuation, autant dire à la « conjonction des opposés » dans cette totalité psychique qu’est le Soi. Certains autres éléments permettent d’affirmer que Jung a élaboré dans Le Livre Rouge la première esquisse de la gnose qu’il pensait nécessaire à une époque comme la nôtre. N’est-il pas surtout question, d’un bout à l’autre de ce livre inclassable, de la redécouverte de l’âme à travers des épreuves d’ordre initiatique ? Vivant des aventures comparables à celles de la Sophia gnostique exclue du plérôme, l’anima se manifeste comme elle en tant que tentatrice (Salomé) et rédemptrice (Marie/Sophia). Aussi l’étrange savoir transmis par le sage Philémon semble-t-il effacer toute distinction tranchée entre gnoses païenne et chrétienne. Est-ce là la révélation ultime de la dramaturgie « gnostique » mise en scène dans Le Livre Rouge ?

Vers un savoir absolu ?

La réhabilitation de la « gnose » est un dénominateur commun entre Jung et certains des autres participants aux rencontres d’Eranos tels Henry Corbin et Gilbert Durand, pour ne citer qu’eux. S’agit-il là d’un authentique renouveau « gnostique », ou assistons nous à une banalisation, voire à une inflation de cette notion ? Chez Jung en tout cas la gnose tend à s’imposer comme un savoir total qu’il dit parfois même « absolu » dans sa correspondance avec le physicien Wolfgang Pauli. Qu’entendait-il par là, et qu’attendait il du dialogue entre psychologie analytique et sciences physiques ? Car sur un autre plan Jung vit dans la gnose la réponse au vieux débat entre foi et savoir, qui retint l’attention des philosophes et théologiens depuis le Moyen Âge. Homme de science lui-même, Jung a appris à travers son expérience de clinicien que ses contemporains veulent savoir et non plus seulement croire, y compris et surtout dans leur relation personnelle au divin. Une nouvelle psychologie de la religion voit ainsi le jour, redonnant à la gnose son antique fonction de savoir guérisseur et salvateur. Pourquoi donc Jung, répondant aux très vives critiques du philosophe Martin Buber, s’est-il dès lors défendu d’être « gnostique » ?

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Rencontre avec Françoise Bonardel

Philosophe et écrivain, Professeur émérite de Philosophie des religions à l’Université de Paris 1-Sorbonne, Françoise Bonardel a trouvé dans l’hermétisme et l’alchimie une source d’inspiration dont la fécondité ne s’est pas démentie. Plus qu’un savoir secret, réservé à quelques initiés, l’alchimie est pour elle une vision du monde, une herméneutique et un état d’esprit dont elle a retrouvé la trace toujours vivace jusque dans la création contemporaine (Philosophie de l’alchimie – Grand Œuvre et modernité, 1993). Elle est aujourd’hui l’auteur d’une douzaine d’ouvrages et de nombreux articles pour des revues françaises et étrangères et des ouvrages collectifs. Membre de l’Institut d’Études Bouddhique (IEB) depuis 2001, elle y dispense des cours portant sur l’acculturation du bouddhisme en Occident et sur ses possibles relations avec la philosophie occidentale (cf. Bouddhisme et philosophie, 2008). De nombreux voyages d’étude ou de découverte personnelle l’ont d’ores et déjà conduite dans la plupart des pays d’Europe du Sud, de l’Est et du Nord, au proche et Moyen Orient, en Afrique du Nord, en Asie (Inde principalement) et Amérique du Nord (USA, Canada). La philosophie du voyage, de l’errance et de la « vie nomade » constitue d’ailleurs un des axes de sa réflexion placée depuis ses premiers travaux sous le signe d’Hermès, dieu des voyages, des échanges et des transformations spirituelles. Son intérêt pour certaines formes de pensée marginalisées par l’histoire des idées (alchimie, gnose, théosophie), la porte aujourd’hui à réfléchir sur la vision européenne de la culture en tant que « transmutation » de la dualité ( Des héritiers sans passé. Essai sur la crise de l’identité culturelle européenne, Paris, Les Éditions de la Transparence, 2010). C’est dans cette perspective qu’elle a récemment abordé l’œuvre de Dürer (Triptyque pour Albrecht Dürer – La conversation sacrée, 2012), et qu’elle va consacrer son prochain essai à certains aspects encore peu explorés de la pensée de Carl Gustav Jung, Le Livre rouge en particulier.

 

Mon âme, où es-tu ? M’entends-tu ? Je parle, je t’appelle – es-tu là ? Je suis revenu, je suis rentré –
j’ai secoué de mes pieds la poussière de tous les pays et je suis venu à toi, je suis avec toi ;
après de longues années de longue marche, je suis à nouveau venu vers toi. Veux-tu que je te raconte tout ce que j’aie regardé, vécu, ingurgité ?
Ou bien ne veux-tu rien entendre de tous ces bruits de la vie et du monde ?
Mais il faut que tu saches une chose, il y a une chose que j’ai apprise : que l’on doit vivre cette vie.
Cette vie est le chemin, le chemin que l’on cherche depuis si longtemps et qui mène à l’inconcevable que nous qualifions de divin.
Il n’y a pas d’autre chemin. Tous les autres chemins sont de mauvais chemins.
J’ai trouvé le bon chemin ; il m’a conduit jusqu’à toi, jusqu’à mon âme. Je reviens, calciné et purifié. Me reconnais-tu ? Comme la séparation fut longue !

 

Le texte en haut de cette image dit : « Cet homme composé de matière s’était élevé trop haut, dans le monde de l’esprit. Mais là-bas, l’Esprit lui transperça le coeur avec le rai (rayon) d’or. Il tomba en extase et se désintégra. Le Serpent, qui est le mal, ne put demeurer dans le monde de l’Esprit. » Illustration page 109 du Livre Rouge, «cathédrale intérieure» calligraphiée, enluminée et illustrée par l’auteur. Il a créé l’événement dans le monde entier et fait la «Une» des plus grands journaux.

 

Ce livre sublime sera en lecture libre lors du séminaire et gracieusement prêté par la Librairie Papyrus de Namur que je remercie vivement de son soutien !

Je remercie également “Baglis TV” de m’avoir donné accès aux vidéos nécessaires pour la préparation de cet événement ainsi que Cinémagie Création.

Le livre “JUNG ET LA GNOSE” sera en vente sur place, ainsi que d’autres oeuvres en collaboration avec les éditions du Septénaire et la Librairie Papyrus.

Site de référence conseillé pour découvrir l’Oeuvre de JUNG avec cette vidéo avec les commentaires de Sonu SHAMDASANI.

Madame Bonardel a été l’invitée d’Esther Ritman à La Bibiothéca Hermética Philosophica dans ce magnifique lieu dit “Embassy of the Free Mind” (Ambassade de L’ESPRIT LIBRE) à Amsterdam en Avril dernier et je suis profondément touchée qu’elle ait accepté mon invitation dans le cadre de ce week end “Il y-a-il un renouveau gnostique”.
J’ose espérer que les sujets que nous vous proposerons lors de ce week end ( en français ) retiendront toute votre attention !

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